A la fin du mois de janvier, de fortes pluies se
sont abattues sur l’est de l’Afrique australe et ont provoqué de graves
inondations dans la région du fleuve Limpopo. À ce stade, la situation
semble la plus critique au Mozambique, où de vastes zones de la province
de Gaza restent inondées par le fleuve Limpopo et ses affluents. Les
autorités ont donné l’alerte le 22 janvier. Selon les chiffres
officiels, environ 240 000 personnes ont été touchées, 146 000 d’entre
elles ont trouvé refuge dans presque 30 camps temporaires et 48
personnes sont décédées depuis le 28 janvier.
Le 29 janvier, MSF, qui est présente dans la
capitale Maputo avec des programmes contre le VIH/sida, a commencé une
mission de reconnaissance dans le sud du Mozambique, à Chokwe, Guija et
Xai Xai, quelques-uns des endroits où la situation est la plus grave. A
Chokwe, bien que l’eau commence à se retirer, environ 114 000 habitants
résident toujours dans dix camps provisoires. Le 29 janvier, une équipe
de MSF a évalué la situation à Chaquelane, le plus grand de ces camps
qui accueille environ 50 000 déplacés. La plus grave préoccupation
concerne l’assainissement, car il n’y a actuellement que 60 latrines.
«Un paysage d’après-guerre»
«La ville de Chokwe donne l’impression d’un paysage
d’après-guerre. Dans le centre-ville, il y a des problèmes évidents liés
à l’assainissement et à l’hygiène à cause de l’eau stagnante sale et la
présence d’animaux morts dans les rues», explique Lucas Molfino,
coordinateur médical pour MSF au Mozambique.
Dans les districts de Chokwe, seuls six des 23
centres de santé fonctionnent encore. La plupart des médicaments et le
petit matériel médical tel que les pansements ou les seringues ont été
détruits. Le ravitaillement est rendu difficile par le fait que de
nombreuses rues sont toujours coupées. Même si l’approvisionnement en
médicaments antirétroviraux semble assuré, les inondations pourraient
affecter les soins pour les personnes vivant avec le VIH/sida. En effet,
plus aucune consultation n’est dispensée à Gaza, alors que la province
présente la plus forte prévalence du VIH/sida du Mozambique. Jusqu’à ce
que le ministère de la Santé puisse reprendre pleinement ses services,
une équipe MSF a commencé à dispenser des consultations à l’hôpital pour
les habitants qui sont de retour chez eux.
Aussi au Malawi, en Afrique du Sud et au Zimbabwe
Dans le sud du Malawi, des milliers de familles ont
été déplacées et vivent maintenant dans des camps, souvent mis en place
dans des écoles primaires. Dans le district de Nsanje, MSF a contribué à
améliorer l’hygiène et l’accès à l’eau dans les camps en construisant
des toilettes et des douches temporaires, en réparant des points d’eau
hors d’usage et en menant des actions de sensibilisation sur les mesures
d’hygiène. En outre, des produits non-alimentaires, comme du savon, des
seaux, des couvertures et des moustiquaires, ont été distribués aux
populations déplacées. Les équipes de MSF ont fait don de stocks de
médicaments aux agents de santé communautaires locaux. Ces derniers ont
vu le nombre de leurs consultations plus que tripler. L’immense majorité
des patients sont des enfants de moins de cinq ans qui se plaignent de
diarrhées ou de fièvre.
En raison du débordement du fleuve Limpopo, environ
800 personnes ont aussi été évacuées à Musina, en Afrique du Sud. MSF a
mis en place une clinique mobile durant les premiers jours de la crise.
Au Zimbabwe, pour le moment, les autorités et d’autres acteurs couvrent
correctement les besoins de la population touchée par les fortes pluies
et MSF a seulement organisé une distribution de couvertures et de seaux
dans les villages de Pumula et de Tsholotsho. L’organisation a aussi
approvisionné en eau l’hôpital de Beitbridge et une autre clinique
pendant deux jours.